Dark Dog Tour 2008

 

   

Cette année avait lieu la sixième édition du Moto Tour, rebaptisé Dark Dog Tour du nom de son principal sponsor.

Deux pilotes de la toute jeune association MC2A (Motos Classiques de Compétition d’Avignon) étaient engagés dans l’épreuve dont le départ avait lieu, comme c’est devenu une tradition depuis 5 ans, à Reims.

Comme c’est également la tradition depuis 2003, l’arrivée était prévue à Toulon.

Mais en dehors de ces points communs avec les autres éditions, ce millésime 2008 s’annonçait bien différent avec un parcours de liaison plus long et un passage en Corse juste avant l’arrivée.

En outre, les horaires de départ qui avaient été communiqués aux pilotes quelques semaines avant l’épreuve laissaient à penser qu’il serait particulièrement éprouvant pour les organismes avec des temps de sommeil réduits à 3h certains jours.

Dans les faits, l’épreuve a été, de l’avis de tous, encore plus dure que ce que l’on pouvait craindre, car, en plus, la météo n’a pas vraiment fait de cadeau aux participants.

C’est ce que nous allons voir avec le résumé de la course vu du coté des deux pilotes de l’association, Frank BUSTIN et Pierre FAURE.

Mais pour commencer, un bref portrait des deux hommes et de leurs machines, tous deux membres du Moto Club d’Avignon et habitués de l’épreuve.

Frank BUSTIN : Fils d’un ancien pilote du MCA, Frank a débuté en compétition dans les années 80 en participant notamment au Challenge Honda qui se courait sur le même type de machine que celle qu’il utilise cette année pour le Moto Tour. A l’époque, il a terminé juste derrière Dominique SARRON, recordman des victoires au Bol d’Or. Après un long intermède sans compétition, Frank s’est engagé dans le premier Moto Tour, en 2003, en Catégorie Scooter, terminant sur la 3ème marche du podium. Il fera encore mieux en 2004, puisque seul Dominique SARRON, lui aussi reconverti au scooter, le devancera. Les éditions 2005 et 2006 se termineront par contre moins bien puisque par deux fois ce sera la chute. Cette année, il retrouve la machine de ses débuts et devrait être un des animateurs de la catégorie Motos Classiques.

Pierre FAURE : Président pendant 5 ans du Moto Club d’Avignon, il est à l’origine de la création de l’association MC2A qui a pour vocation de faire rouler des machines de course ou de sport des années 60 à 80. Il a débuté en compétition très tardivement, au niveau régional, en pur amateur et toujours sur des machines anciennes. Après plusieurs titres de Champion de Provence de la Montagne sur des petites cylindrées italiennes (Benelli, Motobi, Ducati 250), il a participé à 3 Moto Tours sur sa Laverda 750, En 2003 et 2004, il s’est placé dans la première moitié du classement mais en 2006 il a lui aussi été victime d’une chute qui l’a obligé à abandonner. Cette année, il repart avec la même machine, de très loin la plus ancienne du plateau, la seule à entamer une 4ème édition de la course et la seule à être encore équipée de freins à tambours. Une vraie machine classique dont le principal objectif sera de rallier l’arrivée.

Un petit mot également sur l’assistance, primordiale sur une épreuve de cette durée.

Elle a été assurée par Noël Casella, double Champion de France de la Montagne en catégorie Side Cars Classiques.

Mais bien entendu, comme cela a été le cas lors des précédentes éditions, tous les pilotes du MCA engagés dans l’épreuve ont mis en commun leurs moyens d’assistance.

Cela a été par exemple le cas avec le camping car loué par notre association qui a servi chaque jour de base de ralliement pour la quinzaine de personnes (pilotes et assistants) du Moto Club d’Avignon.

Mais il est temps de passer à l’épreuve.

Jeudi 25 Septembre 19h : Départ d’Avignon avec le camping car.

Avec au moins deux arrêts programmés en route pour récupérer Frank puis Noël.

Vendredi 26 Septembre : Arrivée à Reims et contrôles administratifs et techniques.

Cette année, le parc coureurs a été déplacé du centre de Reims au nouveau complexe sportif René Tys. Notre emplacement est un peu exigu mais il faudra bien s’en accommoder d’autant que nous allons rester là jusqu’à lundi matin.

Après le montage du campement, direction les contrôles administratifs et techniques.

Pas de problème pour Frank et sa Honda quasiment en configuration d’origine, bien que le niveau sonore mesuré par l’organisation nous paraisse bien élevé.

C’est par contre un peu moins simple pour la Laverda. D’abord, au niveau administratif, la contrôleuse ne comprend pas que le numéro de carte grise soit à 4 chiffres alors que les machines actuelles ont un numéro à plus de 15 chiffres… Il faudra beaucoup de persuasion pour lui faire comprendre qu’en 39 ans pas mal de choses ont changé.

Mais le plus dur est à venir : le contrôle du bruit. La Laverda est bruyante, comme l’étaient beaucoup de machines italiennes de cette époque et cette année elle devrait encore être limite. Première discussion avec les contrôleurs sur le régime du moteur pour la mesure. Finalement le bruit sera mesuré à 5500 t/mn soit plus de 1000t/mn au dessus de celui prévu par les règlements techniques. Comme le compte tours a été démonté cette année sur la machine, il faut se fier à celui, électronique, du contrôleur. Et c’est parti, montée dans les tours à l’oreille et vérification du régime affiché : 2500 t/mn. Bizarre ! Bon, on accélère plus, la machine fait un bruit terrible, çà vibre de partout. 3700 t/mn… C’est pas possible.. et puis brusquement 7500 t/mn, bien au-delà du régime maxi autorisé sur ce moteur. Arrêt d’urgence avant de tout exploser. Et mine déconfite du contrôleur, son beau compte tours indiquait en fait la moitié du régime moteur.

Bien entendu, la mesure de bruit est faussée et au bénéfice du doute la Laverda est jugée bonne pour le service au maximum du bruit admis. Mais quelle chance de n’avoir rien cassé.

Les deux machines rejoignent le parc fermé où le nombre de motos classiques est cette année bien réduit puisque 12 seulement prendront le départ.

Samedi 27 Septembre : Journée de repos.

Pendant que les autres pilotes passent à leur tour les contrôles, nous en profitons pour faire une petite visite de la ville de Reims et notamment de sa superbe cathédrale.

C’est aussi l’occasion de retrouver les copains engagés dans l’épreuve et de faire un peu de cuisine.

On en profite également pour aller reconnaître en voiture le parcours du prologue prévu ce soir, une nouveauté de cette édition 2008.

Ensuite, à 19h, briefing général de l’organisation et c’est parti pour un peu plus d’une semaine de course.

Nuit du Samedi 27 Septembre : Prologue à Reims

Cette année donc, le Moto Tour commence dès le samedi soir par une épreuve spéciale chronométrée organisée dans l’Actipole de la Neuvilette à Reims. Epreuve sans véritable enjeu car son classement servira seulement à déterminer l’ordre des départs des Experts dimanche matin. Par contre, les éventuels retards sur le parcours de liaison entraineront eux des pénalisations, d’où l’intérêt de la reconnaissance que nous avons faite.

Pas de problème pour nos deux pilotes qui pointent dans les temps et assurent sans risque durant la spéciale.

Dimanche 28 Septembre : 1ère Etape Reims Charleville Mézières Reims (350kms).

Encore une nouveauté puisque ce n’est plus le traditionnel circuit de Carole au programme mais une spéciale à Haybes, à la limite de la frontière belge.

Le temps est un peu frais au départ bien que nous partions à une heure plutôt tardive (8h50). Mais d’après la météo, nous devrions avoir une très belle journée.

Pas de problème particulier pour les deux pilotes jusqu’à Haybes (même si Pierre fera une erreur de parcours et pointera juste dans les temps) où a lieu la première spéciale.

Une spéciale qui sera fatale à la Honda Gold Wing engagée en Classiques puisque son pilote chutera assez violemment et se brisera une clavicule.

Après 3/4h d’interruption pour évacuer pilote et machine, nous prenons enfin le départ.

Belle performance pour Frank Bustin qui réalise le 4ème temps des Classiques mais grosse bourde pour Pierre Faure.

Durant l’interruption de course, il a fermé ses robinets d’essence et a oublié de les ouvrir au départ de la spéciale… Une moto, çà marche beaucoup moins bien sans carburant et à l’entrée de la première épingle, le moteur fait broooh… puis s’arrête. Le temps d’identifier la cause, que le précieux liquide remplisse à nouveau les carbus et que la moto redémarre, voici une trentaine de secondes de perdues.

Mais d’autres ont encore moins de chance puisque Bruno Destandau sur sa Honda 900 Bol d’Or pointe à Charleville Mézières avec 10mn de retard…

Pour lui, pas question de profiter du magnifique lieu où sont accueillis les concurrents durant la neutralisation de midi.

Retour à Reims dans l’après midi sous le soleil.

Aucun problème pour nos pilotes qui ont tout le temps de se reposer et se restaurer avant le départ de l’étape de nuit.

Nuit du Dimanche 28 Septembre : 2ème Etape Boucle de 60 kms autour de Reims

Au programme de cette boucle, la traditionnelle spéciale de Pévy - Jonchery, au milieu des vignes à quelques kilomètres de Reims. Beaucoup de pilotes l’ont déjà courue, mais jamais de nuit. Ce sera donc une première pour tous.

Départ des Classiques vers 22h et rapidement les choses deviennent très dures.

La liaison de 30 kms vers la spéciale est en effet tracée sur des petites routes, d’abord en ville, puis dans des zones en plein travaux et pour terminer, avec de multiples traversées de petits villages.

Dans ces conditions, tenir la moyenne de 60 km/h en respectant à peu près les limitations de vitesse est un véritable exploit et aucun des pilotes en Motos Classiques ne le réalisera.

Au départ de la spéciale, Frank pointe avec une minute de retard et Pierre avec 3 mns.

Pour Frank Bustin, cette spéciale se déroule parfaitement et il termine second, derrière Gérard Rolland, autre pilote du Moto Club d’Avignon et candidat déclaré à la victoire finale.

Pour Pierre Faure, en revanche, les choses vont moins bien : au moment de se mettre sur la ligne de départ, le câble d’embrayage de la Laverda, qui avait pourtant été changé lors de la préparation de la moto, casse net. Il devra donc prendre le départ au démarreur et rouler sans embrayage jusqu’à l’arrivée à Reims.

S’il n’est pas facile de rouler vite dans la spéciale dans ces conditions (la boite de vitesses d’une moto de près de 40 ans n’aime pas vraiment les rétrogradages sans débrayer…), il est tout aussi délicat de négocier les carrefours, les giratoires et surtout les feux rouges sans s’arrêter et caler… et de tenir la moyenne de 60km/h…

Conséquence, 5mns de retard à l’entrée du parc fermé à Reims et les pénalités qui vont avec.

Pénalités qui ne seront pas supprimées quand, deux jours plus tard, l’organisation, annoncera que les pénalités de la première partie de l’étape sont annulées, trop de pilotes, et notamment plusieurs favoris, n’ayant pas pointé dans les temps.

Bilan de cette longue première journée pour nos pilotes :

Frank Bustin est second de la catégorie Motos Classiques, à 7s du leader Gérard Rolland

et Pierre Faure ferme la marche, en 11ème position, à près de 2mn30.

Lundi 29 Septembre : 3ème Etape Reims Val de Reuil (385kms).

Il fait toujours très frais quand les pilotes vont prendre leurs machines en parc fermé pour l’heure de mécanique autorisée avant le départ, les lendemains d’épreuve de nuit.

Pour Frank, simple séance de vérification et de réglage.

Pour Pierre, en revanche, séance de mécanique pour changer le câble d’embrayage. Comme tout le matériel avait été préparé la veille au soir, l’opération peut se faire dans les temps et il reste quelques minutes pour la vérification du niveau d’huile et la tension de chaine.

Départ un peu avant 8h pour Frank, deux minutes après pour Pierre.

Au début, tout va bien : temps très frais mais ensoleillé. Et puis brusquement le brouillard qui nous avait été annoncé la veille au briefing. Mais pas des nappes éparses, non… Un vrai brouillard bien épais avec une visibilité d’une dizaine de mètres. Dans ces conditions, pas facile de tenir une moyenne de 60 km/h sur des petites routes sans marquage au sol et avec des carrefours mal signalés que l’on découvre au dernier moment…quand on les voit…

Mais malgré ces difficultés, nos deux pilotes sont dans les temps au départ de la première spéciale de la journée, la base chrono de Neuville, 52 kms après le départ.

Une base chrono, c’est simplement une section de route de longueur inconnue sur laquelle il faut respecter strictement les 60 km/h de moyenne. Tout écart d’une ou plusieurs secondes, en plus ou en moins, par rapport au temps idéal entraine une pénalité identique. Il est donc très facile de perdre beaucoup dans ce type de spéciale redouté par beaucoup de concurrents.

Mais pour nos deux pilotes, pas de soucis: Frank est à 2s du temps idéal et Pierre à 3s.

En revanche, pour d’autres c’est la galère. Trois des pilotes de la catégorie se trompent à un carrefour et écopent de 5mn30 à 10mns de pénalisation. Parmi eux Robert Doron, second du Moto Tour 2007 et sérieux candidat à la victoire cette année.

Direction maintenant la seconde épreuve de la journée, la spéciale d’Orival, près de Rouen, dans 300kms.

Pour Frank, tout va toujours très bien. Il fait la route en compagnie de Gérard Rolland dont la machine est équipée du Trippy, le Road Book électronique qui facilite grandement la navigation.

Pour Pierre, par contre, c’est plus difficile. Les petites routes sont très bosselées et avec les vibrations, le support de ses instruments de navigation casse. Réparation de fortune avec du scotch et du fil de fer mais dix minutes de perdues. A la neutralisation de mi parcours, il pointe avec 6mns de retard.

La réparation a l’air de tenir mais après 50kms, c’est cette fois la fixation du carénage, surchargé par les phares additionnels qui n’ont pu être démontés le matin, qui doit être à son tour renforcée.

Encore quelques minutes de perdues puis, quelques kilomètres plus loin, un erreur de navigation due à un road book papier un peu approximatif. 20 kms de trop, un peu de temps pour retrouver sa route, et il arrive à Orival avec 11mns de retard.

La spéciale d’Orival se court cette année en sens inverse des années précédentes. Il y a beaucoup de retard au départ car un des favoris pour la victoire au Scratch a fait une grosse chute.

Encore une fois, Frank Bustin réalise une très belle performance en terminant 3ème.

Pour sa part, Pierre Faure réalise un chrono honorable.

Les derniers kilomètres jusqu’à Val de Reuil sont une simple formalité.

Comme chaque jour, séance de mécanique sur les machines puis direction le parc fermé.

Et en fin de soirée, consultation des classements et là, magnifique surprise : Frank Bustin a pris la tète de la Catégorie car Gérard Rolland a écopé d’une pénalité de 30s pour avoir pointé avec 2 mns d’avance avant la base chrono.

Quant à Pierre Faure, il est remonté à la 8ème place malgré tous ses déboires.

L’ambiance est donc au beau fixe, même si la pluie est annoncée pour demain.

Mardi 30 Septembre : 4ème Etape Val de Reuil Circuit de Croix en Ternois Val de Reuil (435kms).

Bonne surprise au réveil, il ne pleut pas. Mais le temps est très couvert et il est préférable de s’équiper pour la pluie, d’autant que l’organisation a confirmé les risques d’averses. Et en matière d’averses, les pilotes vont être servis.

Départ vers 6h50 pour les classiques, et 10mn plus tard, ce sont les premières gouttes. Routes glissantes dans les sous bois autour de Rouen, puis, lorsque l’on arrive sur les hauteurs dégagées, grosse…plutôt très grosse pluie.

Pour donner une idée de sa violence, sur certains chemins où les gros tracteurs agricoles avaient formé des ornières, seule une bande centrale de 50cm de largeur était praticable…Dur pour les pilotes et les machines.

Malgré cela, les deux pilotes de l’association pointent dans les temps au circuit de Croix en Ternois.

On espère une accalmie mais la pluie n’est pas de cet avis. Et c’est sous des trombes d’eau que le départ de la série des Classiques est donné. Dans ces conditions, c’est le pilotage plus que la puissance qui prime, et Frank, au guidon de sa petite machine est comme un poisson dans l’eau. Il assure une très belle 3ème place, dans le sillage de Gérard Rolland qui devance Robert Doron de 9 centièmes de seconde…

Quant à Pierre, malgré le handicap de freins à tambours beaucoup plus délicats sur piste mouillé que les disques, il se bat plusieurs tours pour la 4ème place avec la Suzuki de Guy Carchereux. Mais un blocage de roue arrière en bout de ligne droite, suivi d’un dérapage heureusement contrôlé sur une cinquantaine de mètres, refroidit ses ardeurs et il termine finalement 8ème. La performance ne doit pas être si mauvaise puisqu’il a droit aux félicitations d’Eric de Seynes, grand patron de l’organisation et amateur, il faut le dire, de Laverda…

Quelques minutes de repos pour vérifier les motos et manger un peu, mais pas question de se sécher puisqu’il faut reprendre la route en direction de la seconde épreuve chronométrée, la spéciale de Naours dans la somme.

Une spéciale très rapide sur une route très étroite qui risque de s’avérer particulièrement dangereuse avec cette pluie.

C’est probablement ce qu’ont du penser aussi les organisateurs et lorsque les pilotes arrivent au départ, ils apprennent que l’épreuve est annulée.

Donc retour vers Val de Reuil et là, heureuse surprise, la pluie cesse à 20 kilomètres de l’arrivée.

Pas de problème pour nos deux pilotes qui arrivent largement dans les temps et en profitent pour vérifier leurs machines et leur faire un brin de nettoyage.

Mais au moment du départ pour le parc fermé, nouveau problème pour Pierre : ses phares ne fonctionnent plus. Apparemment, c’est un problème de faux contact au niveau des connexions d’un fil semble-t’il mais il est trop tard pour réparer. Pas grave, un nouveau fil est fabriqué qui pourra être monté demain si nécessaire.

Puis, comme chaque soir, briefing, repas et consultation des classements avant d’aller se coucher tôt car c’est à partir de demain que le Tour devient vraiment difficile.

Confirmation du classement de la veille pour Frank qui, grâce à sa très bonne performance sur circuit, conserve la première place un peu plus de 3s devant son collègue du MCA, Gérard Rolland.

Quand à Pierre, il pointe toujours à la 8ème place.

Mercredi 1er Octobre : 5ème Etape Val de Reuil Circuit de Magny Cours (590kms).

Départ ce matin à 4h30 pour le premier expert et un peu après 5h pour les Classiques.

Dure journée en perspective avec deux spéciales au programme puis une course de nuit sur le circuit de Magny Cours.

Frank et Gérard Rolland se suivent et vont faire la route ensemble. Pierre part quelques minutes plus tard, avec ses phares qui ont l’air de marcher. Donc pas de réparation du faisceau électrique au programme.

Ce matin il pleut un peu moins mais la navigation n’est pas aisée, surtout quand on ne dispose pas du Trippy électronique.

C’est le cas de la Laverda et 80 kms après le départ, Pierre s’égare à une intersection mal indiquée sur le road book papier. Il n’est pas le seul et pas loin d’une dizaine de pilotes cherchent leur chemin. Les minutes passent, les kilomètres défilent pour essayer de trouver enfin la bonne route et tout d’un coup, nuit noire, plus de phares. En trifouillant dans les fils, la lumière revient mais, après quelques kms, de nouveau plus rien. Heureusement la panne se produit sous un lampadaire et il est possible de réparer en voyant un peu ce qu’on fait. Le fil présumé défaillant est changé mais rien n’y fait. Donc il faut chercher la panne ailleurs….

Finalement, le fautif est identifié : l’interrupteur général qui n’a pas apprécié la pluie. Après pas mal de tentatives, une position de fonctionnement est trouvée et l’interrupteur bloqué à grand renfort de scotch.

Mais dans l’affaire, c’est près d’une heure de perdue et à la neutralisation de mi course, Pierre pointe avec 41mn de retard. Une paille…. !

De son coté, Frank ne vit pas une matinée de tout repos.

Parti avec Gérard Rolland dont la machine est équipée du Trippy, il ne rencontre pourtant pas de problème de navigation. Par contre, tenir la moyenne de 60km/h n’est pas particulièrement aisé et il faut bien gérer ses arrêts. Malheureusement, au cours de l’un d’eux Gérard va commettre une grosse bourde : il oublie de tenir compte du temps perdu dans le calcul de moyenne que lui donne son Trippy et lorsque les deux pilotes s’en rendent compte, il est trop tard pour rattraper les minutes perdues. Frank pointe avec 8 mn de retard et écope de 2mn de pénalisation. Gérard est à peine mieux loti : 7 mn et 1mn 45.

Mais ce n’est rien par rapport à ce qui va se passer durant la seconde partie de la journée.

A la neutralisation, Pierre est obligé de retendre son câble de frein avant qui a pris pas mal de jeu. Il repart mais après une cinquantaine de kms, le frein a repris du jeu. Pourquoi ? Par prudence, il décide de réduire un peu sa vitesse mais, sur une petite route, au moment de freiner pour négocier un carrefour en T, le câble casse net.

En face, un poteau… il faut l’éviter et tirer droit dans le champ labouré pour essayer de s’arréter….malheureusement, avant d’y arriver, il y a un profond fossé et la Laverda n’est pas une machine de cross…. La roue avant se plante, la moto monte en l’air et retombe à 5m, le pilote s’envole et atterrit 15m plus loin, d’abord sur la hanche puis sur le dos….ça fait très mal mais il peut se relever….a priori rien de cassé, sauf la moto.

C’est fini pour cette année et la Laverda, pour la deuxième fois, ne sera pas à l’arrivée.

Mais quelle peur rétrospective et quelle chance de s’en tirer finalement aussi bien.

Après plus de 4h d’attente, la camionnette des collègues de Yam Sud viendra récupérer pilote et machine pour rallier Magny Cours où Frank et Gérard sont arrivés depuis longtemps et se lamentent sur leur bourde.

En effet, malgré d’excellentes performances dans la base chrono (7s pour Frank, 0 pour Gérard), et dans la spéciale Piste de karting / Piste école du circuit de Magny Cours (Gérard 2ème, Frank 4ème), ils se retrouvent, du fait de leurs pénalités, rétrogradés aux 3ème et 4ème place a plus d’une minute du leader, Guy Carchereux sur sa puissante Suzuki.

Pour Frank, les choses ne se présentent pas au mieux car le circuit de Magny Cours favorise la puissance et sa petite Honda est de loin la moins puissante du plateau. L’épreuve de nuit va donc être dure.

Nuit du Mercredi 1er Octobre : 6ème Etape Circuit de Magny Cours.

Il est près de 23h quand les rescapés de la catégorie Motos Classiques se mettent en prégrille pour 5 tours de circuit.

Sur la ligne, les commissaires recherchent en vain la Laverda, la seule vraie moto classique de l’épreuve.

Dans les tribunes, malgré ses douleurs, son pilote espère que ses deux camarades de club ne s’en sortiront pas trop mal.

Dès le départ, la puissance parle et les grosses cylindrées font le trou.

Gilles Cairoli, sur sa Honda 900 RC01 préparée piste s’envole. Derrière, Robert Doron sur sa 900 Bol d’Or essaye de suivre le rythme mais se fait distancer tour après tour. Cà doit aller très vite car l’an dernier Robert avec la même moto avait gagné l’épreuve. En troisième position, Gérard Rolland prend tous les risques mais se fais dépasser dans le dernier tour par la Guzzi de Jacques Rapée. Quant à Frank, il fait le maximum, terminant finalement 7ème, à plus de 1mn10 du vainqueur, mais en ne cédant que 9s à Guy Carchereux.

Au final, la performance de Gilles Cairoli lui permet de prendre la tète du général et Frank conserve sa 4ème place.

Maintenant, vite au lit car demain, départ dès 3h30 pour les premiers….

Jeudi 2 Octobre : 7ème Etape Circuit de Magny Cours Circuit d’Alès (570kms).

Il est à peine plus de 3h30 quand Frank part chercher sa moto au parc fermé pour une heure de révision.

Départ prévu à 4H37. Et comme hier, il a prévu de faire la route avec Gérard Rolland, mais c’est promis ils feront attention à bien décompter les arrêts…

Départ dans le brouillard qui ne quittera pratiquement pas les concurrents pendant les 100 premiers kilomètres.

Puis ils trouvent la pluie et le froid sur les hauts reliefs du Forez et du Velay avec des passages à plus de 1000m par 5 petits degrés…

Ce sont de véritables zombies qui arrivent enfin, après plus de 6h30 de route, à Puy St Vincent où doit se dérouler la première spéciale chronométrée.

Parmi eux, Frank et Gérard sont dans les temps …

Pas de problème dans la spéciale dans laquelle ils réalisent d’excellents temps, même si la victoire de la catégorie revient à Bruno Destandau. Avec la seconde place pour Gérard et la 3ème pour Frank, ils reprennent quelques secondes aux deux premiers.

Puis c’est de nouveau près de 4h de route, mais un peu plus large et sous le soleil cette fois, pour rejoindre le circuit du Pole mécanique d’Alès où doit se dérouler la seconde spéciale de la journée, une course en ligne sur 7 tours.

Le circuit est moins rapide que Magny Cours et cette fois, les écarts devraient être moindres par rapport à Gilles Cairoli, le leader.

En effet, dès le départ Gérard se met dans la roue de la grosse Honda et l’attaque même à plusieurs reprises. Malheureusement, à trop vouloir en faire, il part à la faute et chute sans gravité. Et même s’il remonte rapidement en selle, il doit se contenter de la 7ème place. De son coté, Frank, qui connaît bien et aime ce circuit, réalise une splendide performance. Il termine en effet 3ème après une splendide bagarre avec la Guzzi de Jacques Rapée et la Honda de Bruno Destandau, les 3 machines terminant dans la même seconde.

A l’issue de cette éprouvante journée, pas de changement au général, les deux pilotes restent 3ème et 4ème de la catégorie Motos Classiques.

Vendredi 3 Octobre : 8ème Etape Alès Toulon Marseille (415 kms)

Ce matin, c’est presque grasse matinée pour les pilotes.

Les premiers experts partent à 7h45 et les classiques à 8h30, et sous le soleil en plus….

Mais pas le temps d’en profiter puisque dès le départ c’est la première spéciale sur le pole mécanique et quelle spéciale : D’abord la piste de rallye routier, étroite, sinueuse et bosselée, puis un tour du circuit de vitesse pour terminer par un tour de la piste de karting.

Encore une fois Gérard Rolland survole l’épreuve, montrant qu’il est sans conteste le meilleur pilote classique en spéciale routière. Mais en terminant 3ème, juste derrière Bruno Destandau, Frank n’a pas à rougir.

Direction maintenant la spéciale du Col de La Madeleine au pied du Mont Ventoux, organisée par le Moto Club d’Avignon.

Nul doute que ses deux pilotes vont faire le maximum pour y briller…

Mais avant, il y a un peu plus de 130 kms de liaison routière, pas vraiment facile. Et c’est sur cette liaison que tout a bien failli mal se terminer pour Frank. En effet, après une première partie assez délicate où il était difficile de tenir la moyenne de 60 km/h, voici quelques belles lignes droites en bordure du Rhône. Bien sur la tentation est grande d’accélérer, et de rouler à des vitesses prohibées par la réglementation pour rattraper le retard. Frank n’y résiste pas et roule très vite lorsqu’il aperçoit un uniforme bleu derrière des jumelles…M…Avec une telle infraction, c’est la mise hors course assurée…Sauf si les anges gardiens de la Garde Républicaine qui encadrent la course font preuve de persuasion compte tenu du bon comportement du pilote jusqu’alors…Et comme tous les pilotes du MCA avaient été exemplaires jusque là, le miracle s’est produit…Merci Monsieur le Commandant de l’Escadron !

Le voilà donc rassuré lorsqu’il se présente au départ de la spéciale où il se lâche totalement. Résultat, la première place de la catégorie devant Gérard Rolland. Les deux pilotes ont fait honneur à leur Club.

Mais un autre évènement important se produit également durant cette spéciale. En effet, le leader Gilles Cairoli rate un virage et s’il s’en tire sans blessure, sa machine est par contre très endommagée et sa première place perdue.

C’est donc en potentiels second et 3ème des Motos Classiques que Gérard et Frank atteignent Marseille où se fait l’embarquement pour la Corse. Mieux même, Gérard ne serait qu’à 2 s du leader et une victoire est envisageable.

Samedi 4 Octobre : 9ème Etape Ajaccio Porto Vecchio Ajaccio (290 kms)

Grande nouveauté de l’édition 2008 que cette journée corse qui risque de s’avérer très difficile malgré son kilométrage modéré.

Moins de 30 kms après le départ, c’est le départ de la base chrono de Coti Chiavari, une base chrono qui risque d’être une véritable spéciale car le tracé de la route rend très difficile le respect de la moyenne pourtant limitée à 55km/h.

Et Frank comme Gérard ne vont pas faire d’étincelles pour une fois. Pour Frank, 15s de pénalité, et pour Gérard Rolland dont le Trippy est tombé en panne, 33s. La victoire s’éloigne…

Ensuite, ce sont 250 kms de virages et le départ de la spéciale, mi route, mi cross… Frank fait le second temps, Gérard le 3ème derrière Bruno Destandau et il reprend 8s à Guy Carchereux le leader.

Mais malgré çà, à la fin de cette journée corse, si les deux pilotes du MCA sont toujours second et 3ème, leur écart par rapport au leader s’est accru.

Puis, c’est l’embarquement sur le ferry, direction Marseille pour une nouvelle nuit en mer.

Dimanche 5 Octobre : 10ème Etape Marseille Toulon (100 kms)

Aussitôt débarqués, les concurrents prennent en convoi la route de Toulon où doit avoir lieu la traditionnelle spéciale du Mont Faron.

Avec 26 s de retard sur le leader, les chances de victoire de Gérard Rolland sont très faibles, même s’il adore le Faron. Quant à Frank, sauf grossière erreur ou chute, sa troisième place semble bien accrochée.

Finalement, il n’y aura pas de miracle.

Gérard termine second de la montée derrière Bruno Destandau et reprend seulement 2s à Guy Carchereux qui défend chèrement sa première place.

Frank finit pour sa part 4ème et assure sa 3ème place de la catégorie.

Tout le monde redescend sur les plages du Mourillon, on refait dans sa tète le tour de la semaine de course, on se rappelle les bons moments et les bêtises, et c’est la remise des prix :

1er Guy Carchereux Suzuki 1100

2ème Gérard Rolland Yamaha 350

3ème Frank Bustin Honda 400

Les deux pilotes du Moto Club d’Avignon, sur les deux plus petites machines engagées sont sur le podium.

Frank Bustin porte bien haut les couleurs de l’Association MC2A, ce qui fait un peu oublier la chute et l’abandon de Pierre Faure.

Et pour une première année d’activité, le bilan sportif de l’Association est plus que satisfaisant.

Un grand merci à tous ceux qui nous ont apporté leur aide et permis de réaliser ce Dark Dog Tour 2008 dans les meilleures conditions :

Nos sponsors : CAMPENON BERNARD S.E., GTM GCS, INTERTRAVAUX, SOLETANCHE BACHY S.E., CECOMETAL, CHARONDIERE, SOCIETE DU TUNNEL PRADO CARENAGE, LAFARGE BETON S.E. , CONSEIL GENERAL DE VAUCLUSE

Nos assistants : Noel, Philippe et Elizabeth

Les photos sont également visibles sur http://picasaweb.google.com/faurus84/DarkDogTour2008#